On vous explique tout sur les différents projets de courir un marathon en moins de 2h !
Pour bien comprendre le projet de Nike, revenons d’abord sur les conditions qui pourraient permettre de passer sous les deux heures.
Actuellement, le record du monde pour le marathon est détenu par Dennis Kimetto en 2:02:57. Seulement deux autres coureurs, Kenenisa Bekele et Eliud Kipchoge ont atteint un temps sous la barrière des 2:03:10.
Une baisse de 3 minutes sur ces temps représente une amélioration de 2,5% de leur performance. Cette marge d’amélioration pourrait sembler accessible pour un coureur lambda, cependant, comme le souligne plusieurs scientifiques, ces trois champions sont loin d’être dans la norme et à leur niveau, cette marge de 2,5% d’amélioration de leur performance est absolument énorme.
Pour aller plus vite, un coureur doit soit devenir plus puissant soit être plus efficace dans sa technique, soit profiter de conditions de courses exceptionnelles.
Comment rendre un coureur plus puissant ?
La mesure principale de la puissance d’un runner est sa VO2 max : le débit maximum d’oxygène consommé lors d’un effort, c’est-à-dire le volume maximal d’oxygène prélevé au niveau des poumons et utilisé par les muscles par unité de temps.
Pour info, les marathoniens qui représentent l’élite de la discipline sont généralement à 80% de leur VO2 max durant la course.
La personne moyenne peut augmenter sa capacité en s’entraînant à haute intensité de manière soutenue sur des périodes donnés (entraînement fractionné par ex). Cependant, la VO2 max est conditionnée en partie par la génétique qui impose ses limites au bout d’un certain niveau atteint.
Limite qui ne peut être dépassée potentiellement que par des produits dopants qui sont bien entendu interdits dans la pratique du marathon et dans tous les autres sports d’ailleurs.
Ce qui veut dire que pour aller plus vite, le coureur de très haut niveau va devoir surtout devenir plus efficace que puissant.
Comment rendre un coureur plus efficace ?
Un coureur exploite en moyenne 45% de l’énergie générée par ses jambes pour avancer. Le reste de l’énergie est dissipée lorsque ses pieds frappent le sol.
Une façon d’améliorer l’efficacité d’un coureur est de ramener une plus grande partie de cette énergie à chaque foulée dans les jambes du coureur. Une des pistes exploitée pour y arriver est technologique : des chaussures utilisant une technologie proche de la poussée par ressort.
Au marathon de Dubaï, en janvier 2016, Bekele a couru avec un nouveau prototype de chaussures Nike incluant une technologie utilisant ce procédé dans sa semelle intermédiaire. Malheureusement, l’athlète a été victime d’une chute en début de course, on en saura pas plus sur l’avantage présumé des fameuses chaussures…
D’après Peter Weyand, spécialiste en bioméchanique, les chaussures à ressort ne permettront pas de passer sous la barre des deux heures. « Ça fait longtemps que l’on essaye de mettre des ressorts dans les chaussures, les tests ont démontrés des résultats minimes voire inexistants ».
Adidas est également en quête du graal avec son projet Sub2. Depuis quelques temps déjà, la marque travaille sur une nouvelle paire de chaussures (dévoilée en mars dernier) permettant de passer la barrière des 2h.
Contrairement à Nike, la marque aux trois bandes veut battre le record sur une épreuve ouverte, probablement sur une étape du world marathon major.
Des tests ont été réalisés au Kenya avec la chaussure Sub2. L’innovation se concentre sur la matière de la semelle, ultra légère, avec, selon l’équipe à la base du projet, une capacité de poussée supérieure à la moyenne. D’après leur étude, le matériau permettrait d’obtenir un gains de performance de l’ordre d’1%.
Selon Yannis Pitsiladis qui pilote le projet d’Adidas et qui est avant tout un chercheur reconnu dans le domaine du sport et de la génétique, la performance des marathoniens est encore loin d’être optimale. D’après lui il n’y aura pas une avancée majeure dans le domaine mais plutôt de multiples optimisations dans différents domaines scientifiques qui vont permettre d’aller chercher le record sous les 2h.
Comment rendre la course plus facile ?
Ce n’est pas les idées qui manquent !
Un parcours en pente avec une météo favorable –avec de préférence le vent dans le dos – pourrait faire la différence.
Courir sous le niveau de la mer pourrait également aider, en effet, la concentration d’oxygène augmente à mesure que l’altitude baisse, rendant la respiration plus efficace.
Imaginons également que des meneurs d’allure courent des parties de la courses à une allure sous les 2h. Cela permettrait de limiter la résistance au vent des prétendants au record. On pourrait obtenir un gain de performance compris entre 1 et 2 % d’après Ross Tucker, un scientifique s’intéressant de près à la question.
L’inconvénient de telles mesures est que la fédération internationale d’Athlétisme risque de ne pas valider le record !
Et Nike dans tout ça ?
Maintenant que l’on sait ce qu’il faut pour passer sous les deux heures, récapitulons ce que Nike a mis en place :
En prenant trois des meilleurs marathoniens au monde : Eliud Kipchoge, Lelisa Desisa and Zersenay Tadese, Nike s’assure d’avoir des coureurs avec une puissance phénoménale. Ils s’entraînent dans les meilleures conditions possibles avec une équipe de 14 personnes à leur disposition.
Passons maintenant à l’équipement. La marque a dévoilé un tout nouveau modèle de chaussures sensées minimiser la perte d’énergie au sol et permettre un meilleur renvoi vers l’avant.
Pour cela, la chaussure intègre une semelle spéciale combinée à une lame en carbone incurvée (rien que ça…).
Pour finir, le terrain a également été révélé, après des mois de recherches, c’est le circuit de Monza en Italie qui a été choisi.
L’équipe dédiée au projet n’a pas sélectionné cette piste au hasard. Une analyse comparative sur les six dernières années des conditions météo à Monza avec celles des marathons les plus rapides de l’histoire a été mené afin de confirmer le potentiel du circuit.
La boucle de 2,4 km est également idéale pour assurer la gestion de l’hydratation, de l’allure et de la nutrition des coureurs.
Enfin, la qualité du revêtement permettrait d’assurer un appui parfait au sol.
Est-ce réaliste ?
Des évolutions de performances de l’ordre de 2% ne sont pas irréalistes dans l’histoire du sport moderne. Usain Bolt a réussi à faire passer le record mondial du 100m hommes de 9, 74 à 9,58 secondes (gain de 1,7%) par exemple.
Cependant, le professeur Tucker précise qu’il y a déjà eu une augmentation importante de la performance en marathon sur les 15 dernières années (2 min environ) ce qui rend peu probable de connaître un 2eme exploit de cet ordre en si peu de temps.
Rendez-vous en mai pour avoir la réponse ! En attendant on conseillerait bien à l’équipe de Nike d’utiliser un plan d’entraînement FREQUENCE Running 😉